samedi 11 avril 2009

Mais quelle étrange situation

Plus j'essaie de comprendre ce qu'il se passe ici et plus je me rends compte de la complexité de la situation. Mon ONG travaille dans 3 des 9 camps qui existent aujourd'hui à la frontière entre le Myanmar (ex-Brimanie) et la Thaïlande. Dans les camps, nous avons principalement des Karens qui ont fui leur pays. Ils ont traversé la frontière pour atteindre un lieu plus sur ou encore... un endroit où ils envisagent un avenir plus clément. 

A la frontière, des thaïs des karens, des birmans et des thaï bien entendu. 
Dans la ville frontière de Maesot à 3h de Umphang, idem beaucoup de karens, birmans et autres, des bangladeshi finalement thai (présents depuis 3 générations), beaucoup de prostitution comme souvent dans les villes frontières.
 
Des migrants, partout et finalement, peu de thaï purement "thaï". Les karens thaï ont la nationalité thaï mais appartiennent à l'éthnie karen. Les migrants qui viennent du pays voisin viennent travailler dans le commerce et les industries sur la frontière. Certains ont des papiers leur donnant l'accès au travail en Thaïlande, d'autres pas. Pourquoi ? Comment font-ils ? Encore des questions auxquelles j'ai du mal de répondre aujourd'hui. Tellement de tabous, tellement de non-dits qu'au final on a du mal à comprendre ce qu'il se passe réellement ici.

Dans les camps, beaucoup de monde, de plus en plus de monde, malgré les conditions de vie qui sont franchement extrêmement difficiles. Les réfugiés n'ont pas le droit de sortir, ils n'ont officiellement pas le droit de travailler. La théorie voudrait donc qu'il n'y ait aucun échange d'argent à l'intérieur des camps et que les réfugiés soient entièrement dépendants de l'aide humanitaire, tant pour l'alimentation, que pour la construction et restauration des maisons, l'éducation des enfants, la formation des jeunes adultes et les soins de santé préventifs et curatifs. 

De fait, nous ne faisons payer aucun soins de santé dans les hôpitaux des camps. Tout est gratuit. 

Mais.... aussi étrange que cela puisse paraître, il existe des marchés à l'intérieur des camps, où on  trouve les mêmes genres de produits que dans les villages voisins thai. Et les gens achètent. Il y a donc des échanges d'argent.... L'officieux passe donc au dessus de l'officiel. Une fausse autarcie en vase plus ou moins clos s'est donc installée....

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