dimanche 19 avril 2009

Etrange situation dans les camps

Plus j'essaie de comprendre ce qu'il se passe ici et plus je prends conscience de la complexité de la situation. Mon ONG travaille dans 3 des 9 camps qui existent aujourd'hui à la frontière entre le Myanmar (ex-Brimanie) et la Thaïlande. Dans les camps, nous avons principalement des Karens qui ont fui leur pays. Ils ont traversé la frontière pour atteindre un lieu plus sur ou encore... un endroit où ils envisagent un avenir plus clément. 

A la frontière, des karens, des birmans et des thaï bien entendu, mais pas tant que ça. 
Dans la ville frontière de Maesot à 3h de Umphang, idem beaucoup de karens, birmans et autres, des bangladeshi finalement thai (présents depuis 3 générations), beaucoup de prostitution comme souvent dans les villes frontières.
 
Des migrants partout et finalement, peu de thaï purement "thaï". Les karens thaï ont la nationalité thaï mais appartiennent à l'éthnie karen. Les migrants issus du pays voisin viennent travailler dans le commerce et les industries sur la frontière. Certains ont des papiers leur donnant l'accès au travail en Thaïlande, d'autres pas. Pourquoi ? Comment font-ils ? Encore des questions auxquelles j'ai du mal de répondre aujourd'hui. Tellement de tabous, tellement de non-dits qu'au final on a du mal à comprendre ce qu'il se passe réellement ici.

Dans les camps, beaucoup de monde, de plus en plus de monde, malgré les conditions de vie qui sont franchement extrêmement difficiles. Les réfugiés n'ont pas le droit de sortir, ils n'ont officiellement pas le droit de travailler. La théorie voudrait donc qu'il n'y ait aucun échange d'argent à l'intérieur des camps et que les réfugiés soient entièrement dépendants de l'aide humanitaire, tant pour l'alimentation, que pour la construction et restauration des maisons, l'éducation des enfants, la formation des jeunes adultes et les soins de santé préventifs et curatifs. 

De fait, nous ne faisons payer aucun soins de santé dans les hôpitaux des camps. Tout est gratuit. 

Mais.... aussi étrange que cela puisse paraître, il existe des marchés à l'intérieur des camps, où on  trouve les mêmes genres de produits que dans les villages voisins thai. Et les gens achètent. Il y a donc des échanges d'argent.... L'officieux passe donc au dessus de l'officiel. Une fausse autarcie en vase plus ou moins clos s'est donc installée....

L'indépendance !

La veille de mon départ, je prépare mes bagages. J'essaie d'être disciplinée car au milieu de mes nombreuses caisses, de mes bagages pour Montreal et ceux pour une mission..... Je retrouve tout saauf.... mon permis de conduire international.... Zut alors ! Impossible de le retrouver. J'ai du l'égarer dans l'une de mes nombreuses maisons d'accueil de mes 15 derniers jours (merci à tous ceux qui m'ont accueilli d'ailleurs !). 

A mon arrivée à Maesot, on m'explique que les expats ont le droit de conduire les voitures du projet disponibles le soir et les WE mais pour ça.... il faut un permis de conduire. J'ai tenté de faire une équivalence entre le permis belge pour obtenir le thai (ça aurait été drole !) mais fallait se taper 18 services administratifs différents. J'ai laissé tomber au bout de 3. Trop compliqué! J'ai donc passé deux mois à être fort dépendantes des déplacements de mes collègues... Et oui, les mobyletttes, c'est interdit pour les expats. Les compagnies d'assurance ne veulent pas nous assurer sinon, quelle absurdité !  

Et j'ai demandé à ma charmante belle-soeur, Lucie, de se rendre par deux fois à la commune de Mons pour me faire faire un permis de conduire international. Merci encore à elle ! 

Je viens donc de faire mes "premiers pas" de la conduite à droite avec des gros 4*4 et le volant à gauche. Ou que c'est bizarre... et perturbant ! Le changement de vitesse à la main gauche. 
Et heuresuement qu'il ne pleuvait pas car quand tu veux mettre le clignoteur, tu te retrouves avec les essuis glace et inversément ! 
Mais quelle indépendance...

mercredi 15 avril 2009

Bangkok est loin

Pour ceux qui s'inquiètent pour moi.... (merci pour les nombreux messages), je vous rassure tout de suite. Les tensions dont vous avez entendu parler et les images que vous avez pu voir ne sont pas d'actualité ici ! 

Pas un seul T-shirt rouge dans les rues de Umphang. Par ailleurs, j'étais eu beau milieu de la montagne en trekking avec mes potes de sorte que c'est limite si ce n'est pas vous qui me l'avez appris (non quand même) ! 

Il est clair que la situation est tendue à Bangkok mais on a l'impression que les revendications restent non violentes. Il y a certes eu 2 morts et plus de 100 blessés mais juste après ces violences, le mouvement des rouges a décidé d'interrompre les hostilités, pour un temps. 

Le problème n'est pas résolu puisque ce mouvement demande la démission du gouvernement en place et n'a pas eu gain de cause. Il est donc possible qu'il se passe d'autres événements dans les mois à venir mais pour le moment, rien d'inquiétant pour ma petite personne !

De la visite dans ma montagne


He, bien, comme prévu mes amies, Florence et Virginie (alias Flo et Vi) sont venues me rendre visite en ces temps de fêtes en Thaïlande. Nous fetons en effet depuis 5 jours "sangkran" le nouvel an thaï. La formule est simple, on boit du whisky thaï, on chante (Karaoke) et.... on asperge tout le monde. Et pour tout ça on a congé pendant 5 jours
Depuis une semaine donc, c'est la grande fête dans toute la Thaïlande, tout le monde a pris congé, et va en visite dans la famille. Pas moyen de se balader sans être littéralement trempé. On asperge mais à coups de seaux d’eau, et non de gentils pistolets à eau ! Le gouvernement thai se plaint d’ailleurs de la quantité d’eau gaspillée chaque année (quels rabat-joies ceux-là).

Flo et  Vi ont pris deux jours de retard car les bus étaient bondés et elles n’ont pas trouvé la connexion qu’il fallait pour me retrouver à Maesot. Mais elles y sont finalement parvenues et on a passé trois chouettes journées. Je leur ai fait découvrir mon village, ma maison, et la région. 

Nous avons en effet fait un trekking de deux jours qui se terminait par les plus belles cascades de Thaïlande, à une heure et demi de Umphang. Un peu de bateau sur la rivière, 4h de rando à travers les bamboos, une nuit sous tente et enfin la découverte de cette splendide cascades. J’ai même testé le saut de 5 mètres dans la cuvette. Un endroit magnifique ! Nous avons papoté comme de vraies filles pendant plus de 72h .... il y avait très peu de silences, bizarrement ! ça m'a changé de mes soirées en solitaire ! 

C’était super gai de pouvoir papoter avec mes amies et de pouvoir partager mon quotidien avec elles. Merci à elles pour le « petit » détour par chez moi !

Je vous propose de jeter un œil aux photos sur mon album picasa, ici 

samedi 11 avril 2009

Mais quelle étrange situation

Plus j'essaie de comprendre ce qu'il se passe ici et plus je me rends compte de la complexité de la situation. Mon ONG travaille dans 3 des 9 camps qui existent aujourd'hui à la frontière entre le Myanmar (ex-Brimanie) et la Thaïlande. Dans les camps, nous avons principalement des Karens qui ont fui leur pays. Ils ont traversé la frontière pour atteindre un lieu plus sur ou encore... un endroit où ils envisagent un avenir plus clément. 

A la frontière, des thaïs des karens, des birmans et des thaï bien entendu. 
Dans la ville frontière de Maesot à 3h de Umphang, idem beaucoup de karens, birmans et autres, des bangladeshi finalement thai (présents depuis 3 générations), beaucoup de prostitution comme souvent dans les villes frontières.
 
Des migrants, partout et finalement, peu de thaï purement "thaï". Les karens thaï ont la nationalité thaï mais appartiennent à l'éthnie karen. Les migrants qui viennent du pays voisin viennent travailler dans le commerce et les industries sur la frontière. Certains ont des papiers leur donnant l'accès au travail en Thaïlande, d'autres pas. Pourquoi ? Comment font-ils ? Encore des questions auxquelles j'ai du mal de répondre aujourd'hui. Tellement de tabous, tellement de non-dits qu'au final on a du mal à comprendre ce qu'il se passe réellement ici.

Dans les camps, beaucoup de monde, de plus en plus de monde, malgré les conditions de vie qui sont franchement extrêmement difficiles. Les réfugiés n'ont pas le droit de sortir, ils n'ont officiellement pas le droit de travailler. La théorie voudrait donc qu'il n'y ait aucun échange d'argent à l'intérieur des camps et que les réfugiés soient entièrement dépendants de l'aide humanitaire, tant pour l'alimentation, que pour la construction et restauration des maisons, l'éducation des enfants, la formation des jeunes adultes et les soins de santé préventifs et curatifs. 

De fait, nous ne faisons payer aucun soins de santé dans les hôpitaux des camps. Tout est gratuit. 

Mais.... aussi étrange que cela puisse paraître, il existe des marchés à l'intérieur des camps, où on  trouve les mêmes genres de produits que dans les villages voisins thai. Et les gens achètent. Il y a donc des échanges d'argent.... L'officieux passe donc au dessus de l'officiel. Une fausse autarcie en vase plus ou moins clos s'est donc installée....

samedi 4 avril 2009

"Rafting" à Umphang


Samedi dernier, j'ai été invitée par l'un des chauffeurs du projet à venir découvrir la région. Sans trop savoir dans quoi je m'embarquais, curieuse, j'ai suivi. Ei Ei, Bo bo (les médecins birmans) du projet étaient aussi de la partie. 
Rdvz 8h au bureau, c'est tout ce que je savais. Et bien, j'ai été contente de découvrir que la région où je vis est encore plus jolie que ce à quoi je m'attendais. Comme vous le savez, mon appareil photo a rendu l'âme mais j'ai gentillement "piqué" leurs photos. Elles ne sont pas top top (admirez la date en bas à droite et il manque la moitié de la journée) mais  elles vous donneront l'occasion de vous imprégner quand même un peu des jolis paysages. 

On a descendu la rivière avant d'atteindre une cascade où je me suis baignée, toute habillée comme les autres. En Asie, les maillots de bain, ça n'existe pas, on se baigne sans problème si on sait nager mais, avec ses habits ! Ensuite, nous avons été nous ressourcer dans un temple sacré où d'énormes poissons colorés nous observaient.
 
C'était une charmante journée et ça m'a fait du bien car j'avoue que je bosse beaucoup et que mes journées dans les camps sont assez éprouvantes...