samedi 30 janvier 2010

C'est la fin.... et quelle fin !

Dure, extrêmement dure, cette fin de mission. De retour de notre magnifique séjour, je n'ai pas eu le temps de poser pieds à terre que déjà je devais affronter mille problèmes.

En effet, notre bailleur principal, la Commission européenne a refusé notre demande de financement pour 2010 et souhaite qu'on la revoie à la baisse de 25%. Légitime, vous me direz, il nous finance depuis plus de 12 ans. Nous avons donc du revoir le budget et... couper dans tout ! Notamment dans les ressources humaines. Réunions extraordinaires à gogo afin de trouver la meilleur forme de réorganisation tout en pouvant assurer les activités essentielles. Nous avons essayé de ne pas devoir "remercier" trop de personnes mais il a quand même fallu.... Depuis deux semaines donc, je convoque des staff pour leur annoncer que.... leur contrat va s'arrêter. Risque et menace de greves générales étaient au rendez-vous.

Je redoutais cette période car il est difficile d'annoncer à un réfugié actuellement sous contrat ONG que demain il sera sans emploi. Les opportunités de travail dans le camps, outre les ONGs, sont en effet presque inexistante ! La diplomatie a du être ma devise pendant ces deux dernières semaines. Le professionnel devait passer au dessus du personnel et de l'émotionnel. Difficile !

Heureusement, ça ne s'est pas trop mal passé, les messages que nous avons fait passer ont été compris et acceptés dans la mesure du possible. Les staff dans les camps comprennent mais ils clament haut et fort que la population des camps augmente alors que les financements diminuent....
Vrai mais que faire ? Il n'y a pas d'issue aujourd'hui avec le gouvernement birman qui renforce les attaques à la frontière (élections annoncées en 2010...), le gouvernement thai qui refuse de voir l'évidence et ne veut rien entendre de ces prisons à ciel ouvert. Les ONG sont prises en otage et ont du mal à assurer des services de qualité avec des moyens de plus en plus faibles.

A mon échelle personnelle (et celle de mon projet), le plus difficile à accepter est que la continuité sur mon poste est mise à mal. En effet, nous avons décidé de "nationaliser" ma fonction dans l'urgence. Un Thai ou Birman se chargera de l'ensemble de la gestion des activités. Ceci est une bonne chose et ça a du sens. Néanmoins, tout se fait trop vite et je ne verrai pas cette personne puisque nous venons de publier l'offre... La dynamique et l'énergie que j'avais, je pense, amenés, risquent de retomber, et ça me fait un peu mal au coeur.

Photo de Joffrey Monnier - Camp De Umpiem

Encore trois semaines et je pourrai faire le bilan de cette fabuleux séjour à la frontière birmano thai. J'ai pris quelques rides et cernes sous les yeux mais quelle riche expérience !